L’ÉGLISE ROMANE DE SAINT-CLÉMENT-SUR-GUYE

 

 

L’Église romane de Saint-Clément-sur-Guye (classée Monument Historique en 1927) est l’une des  plus anciennes du département de Saône-et-Loire. Elle a dû longtemps servir de refuge : fenêtres élevées et étroites, clocher assez haut dont les ouvertures servaient au guet et à la défense. De là-haut, la vue est particulièrement étendue sur les vallées de la Guye et de la Grosne, sur les Monts du Charolais et du Mâconnais, et bien au-delà quand le temps est favorable.

 

L’ensemble est couvert en laves (terme utilisé en Bourgogne pour désigner les pierres plates calcaires de 3 à 4 cm d’épaisseur ; dans d’autres régions, on dit « lauzes », mais ces dernières sont généralement plus minces).

 

Les principales étapes de la construction

 

. fin du Xe siècle : maçonnerie en « opus spicatum » (en épi), que l’on dit aussi en arêtes de poisson, à la partie inférieure de la nef.

. XIIe siècle : partie supérieure des murs, chœur, abside, sans doute reconstruits après un incendie survenu à la fin du XIe siècle, comme le laissent supposer les pierres rougies par le feu.

. XIIIe - XIVe siècles : réfection de la toiture de la nef avec une nouvelle charpente.

. XVe - XVIe siècles : travaux de consolidation de la voûte du clocher qui était d’un poids considérable, ouvertures pratiquées dans la travée du chœur.

. XVIIIe siècle : construction de la sacristie.

. le porche est tardif ; il s’intègre harmonieusement dans l’ensemble.

 

De 1992 à 1995, l’église a bénéficié d’une importante restauration (les travaux précédents dataient de 1946-1947, et de grosses réparations avaient été entreprises entre 1923 et 1926). La dernière restauration, dont la commune a été maître d’ouvrage, réalisée avec l’aide de l’Etat et du Département, avait demandé plus de dix ans de démarches incessantes et concomitantes de la municipalité et de l’Association de sauvegarde et de mise en valeur de Saint-Clément !

 

Les ouvertures

 

Selon les instructions de l’Architecte en chef des Monuments Historiques, les ouvertures ont été modifiées pour que l’on retrouve la disposition primitive :

 

. dans l’abside : les deux fenêtres « modernes » ont été bouchées et l’on a rouvert les fenêtres d’origine, qui étaient visibles à l’extérieur. La baie centrale est masquée par la sacristie.

 

. dans le chœur : au nord avait été pratiquée au XVe siècle une porte basse, donnant dans la cour de la maison voisine, qui peut jadis avoir été la cure (actuellement l’auberge) ; cette jolie porte est visible seulement de l’extérieur, car elle est bouchée intérieurement. La fenêtre du Midi a été ouverte au XVIe siècle, sans doute agrandissant une ouverture plus ancienne.

 

. dans la nef : à l’ouest, une grande entrée en plein cintre. Au sud, petite entrée à linteau droit. Lors des derniers travaux, ont été dégagées deux petites baies anciennes à la partie supérieure du mur nord. Du côté sud, il s’y trouvait, à l’ouest de la petite porte, une grande ouverture, faite tardivement ; elle a été supprimée. Les fenêtres supérieures, de la même époque que les murs de la nef, ont bien sûr été conservées, ainsi que l’oculus, moderne, de la façade ouest.

 

Pour les vitraux de l’ensemble, on a choisi un dérivé de losange, dont les variations sont adaptées aux différentes époques.

 

 

La charpente

 

La charpente, remarquable, a été mise en valeur à l’occasion des derniers travaux, le plafond ayant été enlevé. La petite porte à la base du clocher permettait d’y accéder, à l’aide d’une sorte de passerelle aboutissant à l’ouverture de la façade ouest.

 

 

Les peintures intérieures

 

Sous l’enduit du XIXe siècle, on a pu découvrir de nombreux éléments intéressants : la litre seigneuriale (qui était repeinte en noir lors du décès du seigneur), les blasons, les croix de consécration. Les blasons sont ceux des seigneurs de Joncy, la famille de Rochebaron, à Joncy depuis 1450 : leurs armes étaient « de gueule, à un chef échiqueté d’argent et d’azur ». La seigneurie de Saint-Clément était en effet de la justice du baron de Joncy (une des quatre baronnies du Charolais). Une date a été retrouvée sur la litre : 1619. En 1623, René de Rochebaron institua pour héritier Antoine d’Aumont, neveu de son épouse.

 

Des deux séries de croix de consécration, le type le plus ancien est représenté sur les faces nord du pilier nord-est et sud du pilier sud-est de l’avant-chœur, ainsi que sur le mur sud de la nef à droite de la petite porte d’entrée.

 

Il reste quelques traces d’une crucifixion au-dessus de l’arc entre l’abside et le chœur, côté est (se placer le dos contre la porte de la sacristie et bien lever la tête). On distingue les pieds du Christ, un pied et le bas de la robe de la Vierge ainsi que de saint Jean. On devine aussi un personnage plus à droite.

 

Un peu partout, des traces de rinceaux noirs. Les faux appareils et l’entourage des baies ont été reconstitués d’après les vestiges retrouvés. Les restaurateurs ont indiqué par une légère rainure l’endroit de la consolidation de l’arc entre la nef et le chœur (XVe-XVIe siècles), rétrécissant ainsi son ouverture pour donner une meilleure assise au clocher.

 

Le mobilier

 

. L’autel et le tabernacle, du XVIIIe siècle, sont en marbre rose, d’une grande qualité esthétique.

. Le Christ en croix, en bois sculpté et peint, très expressif, est sans doute du milieu ou de la fin du XVIIIe siècle.

. Une bannière représente saint Clément, patron de l’église, pape de la fin du Ier siècle (il aurait été le quatrième pape).

. Les statues sont du début du XXe siècle. Celle de la Vierge a été achetée grâce à une souscription auprès des paroissiens, qui avait obtenu un grand succès et les « Saint-Clémentous » tenaient beaucoup à « leur » statue…

. Le grand tableau représente saint Clément. Il est signé de Pérignon, peintre du XIXe siècle (un autre tableau de ce peintre se trouve à l’église de Vaux-en-Pré).

 

Il ne reste malheureusement rien des fonts baptismaux ni des nombreux objets énumérés dans le compte rendu de la visite de Monseigneur de Lort de Sérignan de Valras, évêque de Mâcon (Saint-Clément était de l’Archiprêtré du Rousset), en juin 1746…

 

A remarquer également

 

. A l’intérieur : Dans la nef, les pierres tombales dont les inscriptions sont en partie effacées. (Une croix et un marteau gravés sur des pierres tombales sont partiellement cachés par les bancs).

. A l’extérieur :  La  présence de pierres profondément rainurées, correspondant à l’affûtage d’outils métalliques sur la façade ouest et à l’angle sud-ouest. (On en trouve de semblables dans plusieurs églises de la région).

. Les modillons sculptés, dont deux à figure humaine, sous la corniche.

. La sculpture d’une tête sur la façade ouest.

 

© Rédaction par l’Association de sauvegarde

et de mise en valeur de Saint-Clément-sur-Guye

Septembre 2000 – Mise à jour : août 2004

www.stclement-patrimoine.org